Bartimée

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Ces migrants ne sont pas d’abord « un problème », mais des êtres humains.

L’évêque anglican de Douvres, le Dr Trevor Willmott, répond aux questions de La Croix, après que le premier ministre britannique David Cameron a évoqué fin juillet la « nuée » de migrants tentant de pénétrer dans son pays.

 

Chaque jour, des centaines de personnes tentent de passer d’un pays à l’autre, pour fuir leur propre pays. Et à ce stade, les réactions des responsables politiques, en particulier en Grande-Bretagne, n’aident pas beaucoup.

Les mots qu’ils utilisent enferment ces migrants dans des catégories. Ils oublient que nous sommes face à des êtres humains. Chacun d’entre eux à une histoire. Pour tous ceux qui songent à venir en France ou en Angleterre, il s’agit d’une histoire émaillée de violence et de souffrances. Si nous continuons à traiter ainsi des gens qui ont été victimes de tant de souffrance, comment pouvons-nous encore prétendre rester une société civilisée ? Ces migrants ne sont pas d’abord « un problème », mais des êtres humains.

On ne peut se contenter de parler uniquement de sécurité, de renforcement des moyens policiers, et de l’érection de nouvelles barrières. Le gouvernement propose de punir de prison les personnes qui logent des migrants sans-papiers. Tout cela ne résoudra rien. Il faut sortir de cette vision court-termiste et purement défensive. Dans l’histoire, notre pays a accueilli de nombreux immigrés, et cela a contribué à notre richesse. Ce n’est plus le cas aujourd’hui : nous avons perdu cette tradition d’accueil. Regardons vers d’autres pays qui accueillent des migrants : nous avons beaucoup à apprendre d’eux. Nous devons apprendre à être plus compréhensifs, plus généreux, plus attentifs aux besoins de ces gens.

En Angleterre, beaucoup des bénévoles impliqués dans les centres de rétention sont des chrétiens. Ils constituent une réponse concrète à cette situation. Ils dispensent des soins, sont un signe d’hospitalité pour beaucoup, même si les migrants qu’ils côtoient sont enfermés. Mais surtout, ils prennent le temps d’écouter ceux qui viennent d’arriver, et qui ont souvent besoin de se confier.

Je visite régulièrement le centre de rétention de Douvres, qui se situe dans mon diocèse, non loin de l’arrivée de l’Eurotunnel. Lors de mon dernier passage, j’ai constaté que ceux qui y sont enfermés sont de plus en plus jeunes, sans aucune attache familiale.

Nous sommes quelques évêques à suivre attentivement la situation, et à délivrer ce message. Il commence à porter, y compris parmi les responsables politiques. Certains me font signe pour me dire qu’ils adhèrent à ces propos, et commencent à poser un autre regard sur les migrants. J’espère que, dans l’esprit de ceux qui composent la classe politique britannique, un langage différent émergera. Cela prendra du temps : le développement d’une vision à long terme sur l’immigration est un travail de longue haleine.



08/08/2015
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