Bartimée

Bartimée

Une légende du moyen âge, pour aujourd'hui...

 Le chevalier au barizel.

 

Il était un chevalier qui avait bataillé dans tous les  coins et recoins du Royaume. Lorsqu’un jour, dans une escarmouche, un trait d’arbalète avait traversé sa cui­rasse et failli mettre fin séance tenante à ses jours et à ses exploits guerriers.

En un éclair il entrevit le paradis mais bien lointain et tout à fait hors de sa portée. Et l’enfer à la gueule brûlante toute proche, prête à l’engloutir. Il avait en effet oublié depuis longtemps ses promesses de preux chevalier, et s’était peu à peu transformé en un soudard impénitent, tuant allègrement son prochain, pillant à l’occasion et violant pour faire bonne mesure.

Rempli d’un effroi salutaire, il jette là heaume, épée et gantelets de fer et se dirige vers l’ermitage d’un moine réputé pour sa sainteté, tout au fond de la forêt.

Mon père, je voudrais recevoir le pardon de mes fautes, car j’ai grand peur pour le salut de mon âme ! Je ferai la pénitence que vous m’indiquerez, aucune ne me fait peur !

Eh bien, mon fils, répond l’ermite, allez simplement me remplir d’eau ce barizel, ce petit baril et rapportez-le-moi.

Vous vous moquez ! C’est une pénitence d’enfant ou de manant !

 gronde le chevalier point trop converti qui lève un poing menaçant pour frapper le moine.

Mais la vision de l’enfer et des diablotins grimaçants lui revient brusquement en mémoire. Aussi tout en gromme­lant prend-il le baril sous son bras et se dirige-t-il vers la rivière toute proche.

Stupéfaction, le barizel plongé dans le courant refuse de se remplir.

C’est sortilège magique, rugit le pénitent ! Mais j’en viendrai à bout.

Il se dirige vers une source qui se jette dans le cours d’eau : le barizel refuse derechef de se remplir. Furibond, il gravit en courant la colline et se précipite vers le puits du village. Peine perdue!

Un an plus tard, le vieux moine voit arriver à la porte de son ermitage un pauvre hère en haillons, les pieds ensan­glantés, un baril vide dans ses bras.

Mon Père, dit d’une voix douloureuse le chevalier, car c’était lui, j’ai couru tous les fleuves et toutes les sources du pays. Je n’ai pu remplir votre barizel... Mainte­nant, c’est sûr, vous ne me pardonnerez pas mes péchés. Hélas ! Me voilà damné pour toujours ! Ah ! mes péchés, mes lourds péchés que j’ai commis, que je les regrette !

Et des pleurs coulent de ses yeux, sur son visage creusé. Mais voici qu’une larme tombe dans le barizel. D’un seul coup celui-ci se remplit alors à ras bord, et déborde de la plus belle eau pure que terre ait jamais vue.

Une seule larme de repentir...



22/02/2014
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