La grâce de Dieu, plus forte que nos vertus (1)
Le 5 décembre 2013, Mgr Dagens a prononcé le traditionnel "discours sur la Vertu" à l’Académie française. J'en ai retenu 3 extraits à lire dans les jours qui viennent.
La banalisation du mal
L’évidence du mal, la puissance du mal, on les célèbre de tous côtés, d’une façon parfois répétitive. Il y a quelques mois, un avocat célèbre et redouté a choisi de se suicider. Quelques années plus tôt, à un journaliste qui l’interrogeait sur sa vision du monde, cet homme avait donné cette réponse péremptoire: « Le Bien n’existe pas. » Il est possible que son expérience professionnelle l’ait confirmé dans cette conviction. Mais peut-être disait-il ainsi à haute voix ce que beaucoup pensent tout bas, parce qu’ils portent en eux la certitude négative de la méchanceté des hommes et de la cruauté du monde. Je crains même que certains catholiques ne partagent parfois cette pensée nihiliste et ne se représentent Dieu que comme l’Anti-mal, celui qui nous obligerait à faire la guerre à ceux que l’on considère comme des méchants, en réveillant et en pratiquant la vieille hérésie gnostique, qui conçoit un combat permanent entre le Bien et le Mal et qui propose comme seule voie de salut une sortie hors du monde ou le regroupement des élus dans une sorte de camp retranché, dans lequel il ne reste plus qu’à attendre l’assaut des partisans du mal, tout en se risquant à quelques expéditions punitives en terrain découvert, accompagnées de cris de guerre parfois violents, mêlés à des prières insistantes.
L’autre jour, après la mort de Patrice Chéreau, j’ai regardé et écouté à la télévision la pièce de Bernard-Marie Koltès, Dans la solitude des champs de coton, interprétée par Patrice Chéreau lui-même, dans le rôle du vendeur de drogue, du « dealer », et par Pascal Grégory, dans celui du «client». Ces deux hommes se cherchent et se repoussent dans un lieu sombre où règne la violence. De leurs corps qui se font face ne sortent que des paroles meurtrières, et l’un d’eux laisse éclater sa désespérance: « Il n’y a pas d’amour! Il n’y a pas d’amour! » Ce n’est évidemment pas une affaire de morale. Il s’agit de l’amour dans ce qu’il y a de plus charnel et de plus spirituel, et donc de plus beau et de plus dangereux
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