Bartimée

Bartimée

Une force de subversion

Jean Claude Guillebaud dans la Croix d'il y a une dizaine d'années avait publié un article intitulé "Le christianisme redevient une force de résistance". Ces lignes n'ont guère vieilli, je vous propose d'en relire une partie.

 

La réapparition, dans les médias, d'un antichristianisme mécanique, récurrent, bavard est une évidence assez troublante. Il rappelle étrangement celui qui marqua le début du siècle en France, avant et après la loi de séparation de l’Église et de l’État. Certes, il n’est pas aussi violent ni obsessionnel. Mais il est là. Pourquoi apparaît-il dans le vent, branché,« nécessaire ››, alors même que l’influence de l'Eglise a rarement été aussi faible, que les séminaires sont dépeuplés et que l’institution ecclésiastique est tout sauf triomphante ? Pourquoi, en somme, cette rage antichrétienne, cette dérision rigolarde qui se bat surtout contre... le vide, affronte des ennemis imaginaires et n’est pas sans rappeler un phénomène polonais comme l'antisémitisme  sans juifs ?

 

L’explication la plus simple, avancée par Marcel Gauchet, est peu contestable. La laïcité elle-même, angoissée par sa propre crise et son propre vide, consciente de la ruine de sa morale républicaine, celle d'un Jaurès ou d'un Jules Ferry, conduit ses héritiers à ressusciter le « vieil ennemi clérical » d'avant-hier. Ainsi retrouve-t-on un sentiment d'exister.

 

(…)  Il n’est pas interdit d’avancer une autre hypothèse. Dans les dérives actuelles de la modernité (manipulations génétiques, loi de la jungle, mépris des faibles, inculture des élites, triomphe de l'argent, augmentation des inégalités, etc...), quelque chose s'exprime qui est à l’opposé du message évangélique.

 

Cette modernité-là est - aussi - porteuse d’anti-valeurs, de délires eugénistes et solipsistes qui rompent avec cette culture judéo-chrétienne  dont l’Europe était jusqu’alors peu ou prou imprégnée.

 

Face à ce nouveau cynisme technoscientifique et marchand, le christianisme - même affaibli, même silencieux - redevient, au meilleur sens du terme, une force de refus. Il est l’un des derniers à défendre ce que le philosophe athée Cornelius Castoriadis appelait la nécessaire capacité d’une société à s'autolimiter. L’étrange harcèlement dont il fait quotidiennement l’objet ne serait pas si illogique que cela.

 

Si tel était le cas, d'un point de vue strictement chrétien, la situation ne serait pas si désespérante.

 

Pourquoi? Il faut garder en mémoire le titre que le théologien protestant Jacques Ellul avait donné à l’un de ses livres : La Subversion du christianisme. Le christianisme retrouve toujours force et vérité, lorsque, cessant d'être trop assujetti au « temporel », il redevient, au service des pauvres et de l’homme, une infatigable « subversion »...

 

Retour aux catacombes?

 

Chiche !

 



20/03/2018
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