Tant que le cœur n'est pas ouvert...
Daniel Bourguet , dans son livre " Des ténèbres à la lumière" ( p 96) médite sur la rencontre entre Marie-Madeleine et Jésus dans le jardin au matin de Pâques.
Marie a vu que la pierre a été enlevée ; elle a vu que le corps n'est plus dans le tombeau ; elle a vu des anges, mais en tout cela elle ne perçoit ni signe de Dieu, ni miracle. Aucun signe, aucun miracle n'arrive à la convaincre de la résurrection. Devant le jardinier, elle pleure encore celui qu'elle considère toujours comme mort. Des anges sont assis à l'emplacement même où était le cadavre ; ils sont là pour la consoler et vont s’efforcer, mais en vain : elle est inconsolable de la mort du Christ et de la disparition de son cadavre.
Aucun signe, aucun miracle, pas même une apparition d'anges ne parvient à convaincre Marie de la résurrection ! Par contre, il suffit d'un mot, prononcé par le jardinier, et la voilà plongée dans le mystère : " Marie ! ". A ce mot, elle reconnaît le Ressuscité, le Vivant ; non à un mot à caractère apologétique, non pas un mot qui argumente et raisonne, mais un mot tout simple qui, dans la bouche de Jésus, dit de manière décisive la rencontre personnelle : " Marie !".
C'est en faisant un geste familier, en rompant le pain, que Jésus se fait reconnaître par les disciples d'Emmaüs. C'est par un nom, le plus familier qui soit, qu'il se fait reconnaître ici. Les yeux de Marie étaient pourtant ouverts, mais ne parvenaient pas à discerner Jésus dans le soi-disant jardinier. Ses oreilles étaient pourtant ouvertes, mais ne parvenaient pas à discerner la voix de Jésus dans celle du soi-disant jardinier.
Le cœur de Marie n'était pas encore ouvert. En prononçant le nom de Marie, Jésus enlève la pierre qui obstruait le cœur de cette femme. C'est au plus profond du cœur que le Ressuscité la rejoint ; c'est là qu'il nous rejoint aussi. Tant que le cœur n'est pas ouvert, il n'est pas possible de saisir le mystère de la résurrection du Christ. Le Ressuscité ouvre le cœur de Marie à ce mystère par la force de sa parole.
" Femme " avait dit Jésus. La force de ce mot n'avait pas suffi pour ouvrir le cœur de Marie. "Marie ", dit maintenant le Christ. C'est en avançant sur le chemin de l'intimité que la parole de Jésus trouve toute sa puissance.
Au choc de son nom, Marie est profondément bouleversée. Elle découvre alors que celui qui était mort est vivant ! Il ne peut pas y avoir bouleversement plus grand que celui-là. (…)
Le bouleversement de Marie est aussi fort qu'une pierre tombale qui roule. Sur ce bouleversement Jésus va bâtir du neuf.
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