Bartimée

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Que ma volonté soit faite

A nouveau Adrien Candiard, un beau passage sur ce qu'est la "Vocation".

 

   Le mot «vocation» est trompeur. Il donne l'impression d'une voix extérieure, d'un appel comparable à celui d'un directeur des ressources humaines: « Allô, ici Dieu. J’ai un poste de missionnaire en Afrique à pourvoir et j'ai pensé à vous. Vous aviez d'autres projets? Une famille, des enfants, un métier? Tant pis, cher Monsieur, c'est cela ou rien. Bon, à la rigueur, j'ai toujours de la place chez les chartreux... ››

   En réalité, la vocation vient bien nous déranger dans notre rangement, mais c'est parce qu'elle met tout ce bazar en place, qu’elle met à leur juste place tous les éléments de notre fouillis intérieur. Elle vient mettre de l’ordre, c'est-à-dire ordonner autour de notre vrai désir, de notre désir le plus profond. Notre vocation est en nous: c'est ce désir.

 

   Y répondre, ce n'est pas étouffer ce que nous avons dans le cœur pour suivre la volonté de Dieu. C'est au contraire faire toute la place à ce désir que Dieu a mis en nous quand il nous a créés, et qui est, de façon parfois un peu mystérieuse, un désir de Dieu.

 

   Certains chrétiens ont peur d'eux-mêmes. Ils se méfient de leurs désirs, qu'ils ne trouvent pas nécessairement très ragoûtants. On y trouve de tout, dans ses désirs: de la jalousie, de l’ambition, du désir sexuel... Mais il s'agit de passer de ces multiples désirs au désir le plus profond, le vrai, celui qui nous permettra de hiérarchiser tout le reste. Il n’y a pas deux amours, il n'y a pas deux Jacob, comme il n'y a pas deux Royaumes de Dieu. Et pardonnez-moi d'insister: il n'y a pas deux désirs. Bien sûr, des désirs, nous en avons des dizaines, qui s’opposent, qui se font la guerre, qui se concurrencent. Mais nous n'en avons qu’un véritable, et c'est celui-là que nous devons suivre. Accompagner une vocation, ce n'est pas se demander ce que Dieu veut pour la personne; c'est l'aider à se demander ce qu'elle veut au fond d'elle-même, ce qu'elle veut véritablement. Parce qu'en réalité, c'est la même chose.

 

   Nous n'avons pas de meilleur indicateur de la volonté de Dieu que l'écoute attentive du vrai désir qu'il a mis en nous, et que personne ne connaît sinon nous-mêmes.

 

   Je sais bien que nous nous méfions de nous-mêmes, et nous avons souvent raison de le faire.

Alors méfiez-vous de vous-mêmes tant que vous voudrez, mais faites confiance à Dieu. Il sait ce qu'il fait, lui. Il ne nous a pas créés distraitement, un peu trop vite, sans faire attention. Il faut faire confiance à l'acte créateur.

Discerner notre vocation, réaliser notre vocation, vivre une vie chrétienne, c'est apprendre à nous libérer du poids de nos fantaisies, de nos envies du moment, de nos tocades, pour nous concentrer sur notre désir le plus vrai, celui qui nous constitue et nous fait avancer, celui qui nous appelle vers le bien. Celui auquel le Christ faisait allusion quand il nous a dit, à nous aussi: «Quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu. »

 

   Que ta volonté soit faite, Seigneur. Ta volonté, c'est-à-dire la mienne, c'est-à-dire celle que tu as placée en moi, et qui ne me laissera jamais tranquille, tant qu'elle ne m'aura pas conduit jusqu'à toi.

 



22/10/2017
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