Bartimée

Hans Küng décrit le père Franz Kaufmann, le prêtre qui a été à la source de sa vocation.

Alors, pour une dernière fois : quel est le secret de ce guide des jeunes, sans doute charismatique, de ce confesseur, pasteur dont on souhaiterait qu’il y en ait davantage parmi nos prêtres ?

Le secret - je le comprendrai mieux plus tard – de ce pasteur tout à fait humain et parfois trop humain le voici : en lui est à l’œuvre l’esprit de celui qui déjà il y a deux mille ans, n’a accordé aucune importance aux vêtements des prêtres et à leurs manières cléricales. Celui qui a accepté chaque personne comme elle était avec ses faiblesses et sa fragilité, et qui la prenait complètement au sérieux comme créature de Dieu, telle qu’il l’avait voulue. Celui qui n’a pas cherché à transformer les personnes pour qu’elles deviennent autres, qui n’a condamné aucun pécheur, mais lui a plutôt donné une nouvelle chance. Celui qui n’a interrogé personne sur son credo, à la manière des inquisiteurs, pour le juger, mais qui a su voir dans le cœur des humains. Celui qui, opposé à toute piété exagérée, n’a pas construit des positions de pouvoir sacré, mais a été un modèle de service pour les humains.

On pourrait continuer ainsi longtemps, mais on l’aura compris, il s’agit de l’esprit de ce Jésus dont le vicaire pour les jeunes (…) sait parler et prêcher sans artifice, de façon directe et engageante. Oui, c’est l’esprit de Jésus qui est à l’œuvre chez ce prêtre, d’une façon discrète et douce. Ce sont les traits libérateurs de Jésus qui sont le secret de ce pasteur, au-delà de tout son charme et de ses limites trop humaines ! Et c’est la profondeur de ces traits de Jésus, en cet homme qui restera mon modèle, qui m’appelle, tout jeune homme, à devenir prêtre.

Mémoires - p 46