Bartimée

Bartimée

Prier fait-il du bien ?

Cardinal Martini

Mon Jardin Secret (méditations sur la prière) p 32

 

  Enfin je voudrais dire un dernier mot pour éclaircir ce que j'ai exposé plus haut. La prière pourrait sembler s'apprendre avec des techniques précises, à travers un long exercice qui conduit l’homme à acquérir une certaine connaissance de soi, une maitrise, un calme, une respiration, une profondeur. C’est au fond le but des techniques du yoga: faire en sorte que l'homme ait pleinement la maîtrise de lui-même.

 

   Mais si nous nous laissons guider dans cette direction, nous nous trompons énormément sur le but de la prière chrétienne. Il n'est pas que l'homme se possède lui-même, même si la manière chrétienne de prier fait que l'individu acquiert plus authentiquement la conscience de soi et devient une personne plus équilibrée, plus ordonnée, plus réfléchie, plus attentive, plus clairvoyante. Tout cela est certainement un fruit de l'éducation à la prière, qui conduit à une certaine capacité de respiration, à la distance par rapport aux choses, au jugement mûri plutôt que précipité. Pourtant ce n’est pas le but, et si cela était, nous aurions totalement dévié le sens de l'éducation à la prière.

 

  Quel est alors le sens de la prière chrétienne? C’est ce que Jésus a indiqué au moment de son agonie : « Père, non pas ma volonté, mais ta volonté. ›› Ou alors sa prière sur la croix: « Père entre tes mains je remets mon esprit. » C’est là le sommet de la prière.

Toute éducation à la prière qui n'arrive pas, ou au moins qui ne tend pas à atteindre ce sommet, en conduisant l'homme à se remettre entre les mains de Dieu avec confiance et amour, peut à un certain moment devenir illusion, et même source de déviation religieuse. C’est pour cela qu’il ne suffit pas de dire à une personne de beaucoup prier; une personne peut beaucoup prier tout en étant religieusement déviante ou déformée dans son appréhension des valeurs. Il n'y a pas de réalité humaine que l'homme ne soit pas capable d'abimer, que nous ne sachions pas gâter avec notre égoïsme. Et la prière aussi rencontre ces ambiguïtés.

 

 

 

  Nous devons alors garder à l'esprit que le point d'arrivée de la prière chrétienne est que chacun de nous, comme Jésus au jardin de Gethsémani, puisse remettre sa vie à Dieu et dire: « Voilà, ma vie est dans tes mains. » C’est seulement comme cela que la prière atteint vraiment l'autorévélation de ce qu'est l'homme: un être venu de Dieu et destiné à se retrouver lui-même, en s'en remettant au don de la foi, dans les mains de son Père. Ainsi la prière devient une expression de la foi parfaite, c'est-à-dire de la remise totale de sa vie.

 

  Abraham est un exemple de prière parfaite, quand il part de sa terre en écoutant la voix de Dieu. Même si nous ne savons pas quelle prière il a faite à ce moment-là, nous constatons qu'il s'en est remis à la voix de Dieu et qu'il a suivi courageusement son appel.

 

Chagall
Abraham au chêne de Mambré



15/07/2017
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