Nous serons jugés sur nos relations avec les pauvres
Ce Matin, lors de la messe à la chapelle Ste Marthe, le pape François a commenté l’Évangile de ce jour (Jn 12, 1-11), dans lequel Marie, sœur de Lazare, répand un parfum précieux sur les pieds de Jésus, s’attirant les critiques de Judas : ce parfum, déclare celui qui s’apprête à le trahir, pouvait être vendu pour 300 pièces d’argent que l’on aurait ensuite données aux pauvres. En ce début de semaine sainte, j’entendais surtout ce texte comme une annonce de la passion à venir, et le pape oriente sa méditation vers le début de la phrase du Seigneur : « les pauvres ».
Ou même, si nous n'entrons pas dans cette culture de l'indifférence, il y a une habitude de voir les pauvres comme les ornements d'une ville : oui, il y en a, comme des statues ; oui, il y en a, on les voit ; oui, cette vieille femme qui fait l'aumône, cette autre... comme si c'était une chose normale. Cela fait partie de la décoration d’une ville d'avoir des gens pauvres.
Mais la grande majorité sont les pauvres victimes des politiques économiques, des politiques financières. Certaines statistiques récentes le résument ainsi : il y a tant d'argent dans les mains de quelques-uns et tant de pauvreté dans celles de beaucoup, de beaucoup de gens. Et c'est la pauvreté de ces nombreuses personnes qui sont victimes de l'injustice structurelle de l'économie mondiale. Et [il y a] tant de pauvres qui ont honte de montrer qu'ils n'arrivent pas à la fin du mois ; tant de pauvres de la classe moyenne, qui vont secrètement à Caritas et qui demandent secrètement à manger et qui ont honte.
Les pauvres sont beaucoup nombreux plus que les riches ; beaucoup, beaucoup... Et ce que Jésus dit est vrai : "les pauvres seront toujours avec vous". Mais est-ce que je les vois ? Suis-je conscient de cette réalité ? Surtout de la réalité cachée, de ceux qui ont honte de dire qu'ils n'arrivent pas à la fin du mois.
(…)
Et ils sont si nombreux, si nombreux, que nous les rencontrerons dans le jugement. La première question que Jésus nous posera est : "Comment as-tu traité le pauvre ? L’as-tu nourri ? Quand il était en prison, lui as-tu rendu visite ? L’as-tu visité à l'hôpital ? As-tu aidé la veuve, l'orphelin ? Parce que j'étais là". Et c'est sur cela que nous serons jugés. Nous ne serons pas jugés pour le luxe ou les voyages que nous faisons, ni pour l'importance sociale que nous aurons. Nous serons jugés sur nos relations avec les pauvres.
Mais si, aujourd'hui, j'ignore les pauvres, si je les laisse de côté, si je pense qu'ils ne sont pas là, le Seigneur m'ignorera au jour du Jugement dernier. Quand Jésus dit : "les pauvres seront toujours avec vous", il veut dire : "je serai toujours avec vous, à travers les pauvres. Je serai présent en eux". Ce n'est pas être communiste, c'est le centre de l'Evangile: nous serons jugés sur cela».
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