Nous ne pouvons pas penser notre avenir, chacun replié sur soi-même.
Les exigences de la fraternité
Georges Ponthier – président de la conférence épiscopale
Souvent sont rappelées de manière incantatoire les valeurs de la République, telles qu’elles sont affichées au fronton des mairies : « Liberté, égalité, fraternité ». Il s’agit d’un idéal jamais atteint et toujours en chantier. Mais on pourrait dire qu’aujourd’hui la fraternité a besoin d’être mise à la première place. Non pas la fraternité affichée comme un vague sentiment qui donne bonne conscience, mais celle qui se transforme en engagement concret en faveur des plus défavorisés, des chômeurs et aussi des migrants, des réfugiés venus en France en fuyant les conditions de vie devenues dangereuses ou misérables dans leur pays d’origine. Heureusement, au ras du terrain, cette fraternité se vit dans un tissu associatif généreux, engagé, durable, qui mérite d’être encouragé et soutenu. Nous ne pouvons pas penser notre avenir, chacun replié sur soi-même. Certains le pensent. C’est un leurre. Ceux qui viennent chez nous et sont accueillis, peuvent s’intégrer, apporter leur savoir-faire, leur dynamisme et contribuer ensuite au bien-être de tous. Notre conviction chrétienne et citoyenne nous invite à la générosité, à la recherche du bien commun, à l’ouverture, à l’accueil, à la fraternité universelle avec le sens des responsabilités qui nous incombent. Le pape François nous invite souvent à « ce devoir de solidarité » ; ainsi récemment, le 21 février dernier devant les participants au Forum international « Migrations et Paix ». Après avoir rappelé la nécessité d’œuvrer pour le développement des peuples afin que nul ne soit forcé de quitter son pays, il s’exprimait ainsi : « Devant les tragédies qui “marquent au fer rouge” la vie de tant de migrants et de réfugiés – guerres, persécutions, abus, violence, mort – on ne peut qu’éprouver des sentiments spontanés d’empathie et de compassion. “Où est ton frère ?” (Cf. Gn 4,9) : cette question, que Dieu pose à l’homme depuis les origines, nous implique, spécialement aujourd’hui par rapport à des frères et des sœurs qui migrent : “Ce n’est pas une question adressée à d’autres, c’est une question adressée à moi, à toi, à chacun de nous”. La solidarité naît justement de la capacité à comprendre les besoins du frère et de la sœur en difficulté et de s’en charger. C’est là, en substance, que se fonde la valeur sacrée de l’hospitalité présente dans les traditions religieuses. Pour nous, chrétiens, l’hospitalité offerte à l’étranger qui a besoin d’un refuge est offerte à Jésus-Christ lui-même, qui s’identifie avec l’étranger : “J’étais étranger et vous m’avez accueilli” (Mt 25, 35). C’est un devoir de solidarité de s’opposer à la culture du rejet et de nourrir une plus grande attention envers les plus faibles, pauvres et vulnérables. C’est pourquoi un changement d’attitude envers les migrants et les réfugiés est nécessaire de la part de tous ; le passage d’une attitude de défense et de peur, de désintérêt ou de marginalisation – qui, à la fin, correspond exactement à la “culture du rejet” – à une attitude qui soit basée sur la “culture de la rencontre”, la seule capable de construire un monde plus juste et fraternel, un monde meilleur. »
A découvrir aussi
- “Ce n’est pas un fardeau : c’est mon frère !“
- Suis-je le gardien de mon frère ?
- La seule voie de salut.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 19 autres membres