La vie... éternelle ?
Adrien Candiard s'intérroge alors sur ce que peut signifier ( pour ceux qui y croient) l'idée de vie éternelle. En abordant ce chapitre, je me suis demandé où il voulait en venir...
La voie ouverte par l’espérance, c’est la possession de Dieu comme salut ; c’est ce qu’on appelle plus communément la vie éternelle. Il serait peut-être temps d’en parler.
Il est temps, car nous n'osons généralement guère nous étendre sur le sujet. Je m'en aperçois en jetant un coup d'œil à mes prédications de ces dernières semaines: je n'en ai jamais parlé directement. Je préfère me rabattre - et dans l'Église, je ne suis probablement pas le seul - sur des sujets plus faciles, qui vont davantage intéresser, il me semble, mes paroissiens ou tous ceux qui ont la patience de m'écouter.
Un sujet qui intéresse toujours, par exemple, c'est le bonheur. On peut en parler mal, bien sûr, mais au moins la question est bonne. Tout le monde cherche le bonheur, alors je m'efforce de montrer que la foi conduit au bonheur, que Dieu ne veut que notre bonheur. Et tout cela est vrai. Et naturellement, quand je parle de bonheur, implicitement, je parle de salut: pour moi, les deux sont intimement liés. Mais est-ce bien ce qu'on entend quand je parle? Est-ce que ceux qui m’écoutent ne vont pas entendre par «bonheur » ce que tout le monde, les magazines ou les chansons qui passent à la radio, entendent par là: un sentiment d'intense satisfaction du désir, joint au confort matériel et à une grande sérénité. Alors que ce que j'annonce passe par la croix ! Alors que le salut, s'il est porteur de la joie véritable, n'est nullement une partie de plaisir! Si je voulais être vraiment honnête, je devrais cesser de jouer sur les ambiguïtés, et dire très clairement que, si on recherche l'harmonie avec les éléments, la disparition de toute souffrance ou je ne sais quelle aspiration orientale à la mode, l'Église n'a en fait rien à offrir. En stock, elle n'a qu'un seul produit: le salut, la vie éternelle. Si je laisse entendre que nous avons autre chose, alors je risque de tromper les gens qui m'écoutent.
Mais si nous n'osons pas en parler, bien souvent, c'est parce que nous avons l'impression que, par le passé, nous en avons trop parlé et que, pendant des siècles, l'Église s'est trop intéressée à la vie après la mort, et pas assez à ce monde-là ; qu'on a tout renvoyé à plus tard, et à un plus tard à l’existence somme toute incertaine, en oubliant de nous occuper des difficultés de notre monde, qui a pourtant bien besoin de notre engagement.
Mais quand je parle de salut, quand je parle de vie éternelle, je ne parle pas de la vie après la mort. En tout cas, pas seulement. Car si elle est éternelle, précisément, elle n'est pas dans le déroulement du temps: elle est hors du temps, ou plus exactement, elle est tout le temps. Maintenant, aussi bien qu'après ma mort quand je verrai Dieu face à face. Si Jésus nous ouvre la vie éternelle, c'est qu'il nous oblige à renoncer à nos frontières entre la vie ici-bas et la vie dans l'au-delà: c'est la même vie! La vie éternelle commence maintenant, et elle se poursuit éternellement. Cela ne veut pas dire que notre vie va se poursuivre toujours à l'identique, et que nous serons condamnés à prendre l’apéritif avec le beau-frère tous les dimanches pour les siècles des siècles; ni que la lecture de ce petit livre se poursuivra même après le Jugement dernier.
à suivre..
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