Bartimée

Cardinal Martini : une lecture de la passion selon St Jean

Et Dieu se fit vulnérable – p 158

Jean porte un regard paradoxal sur les événements, car il a connu le mystère de Dieu qui est paradoxal par rapport à toute entreprise humaine. Même dans les circonstances ignominieuses à l'excès de la mort de Jésus, Jean en comprend le sens : la mission messianique de Jésus est accomplie.

Jésus manifeste l’Amour du Père d’une manière tellement inouïe qu'il devient, en raison de cet Amour, roi et Messie, source de salut pour l’humanité, qu’on l’accepte ou qu’on le repousse. Nous avons ici l’intronisation messianique de Jésus. Elle se produit au moment où il porte à son accomplissement sa mission fondamentale : manifester aux hommes l’Amour du Père, par le don qu’il fait de lui-même jusqu’à l’extrême.

Dans son Evangile, Jean nous présente l’affrontement entre les ténèbres et la lumière. Il nous conduit au point culminant où les ténèbres semblent triompher : c’est l’heure la plus noire de l’humanité. Et pourtant, au moment même où l’humanité tente de se débarrasser du Christ, c’est lui, en réalité, qui règne et triomphe déjà. Ce qui se passe devant Pilate constitue un signe où l’historien ne lit que la mort. Le croyant, lui, y découvre la réalisation de la véritable mission de Jésus, son triomphe. 

Une telle série de paradoxes nous donne à réfléchir sur l’aventure paradoxale, elle aussi, qu’est la vie chrétienne, notre propre vie. Dieu règne dans des situations qui sont pour nous, en apparence, paradoxales, surtout dans le paradoxe entre tous qu'est la mort. En elle, nous sommes appelés à manifester la gloire de Dieu, non par des mots impuissants à l’exprimer, mais bien plutôt en épousant la réalité de l’événement qui nous associe à l’instant où le Christ s’est donné lui-même pour nous.

 Kirk Douglas