La foi chrétienne est expérience de fragilité
A travers les scandales de pédophilie, nous vivons une très grande crise de notre Eglise, certains la comparent même à ce que fut la Réforme... Il est d'autant plus nécessaire, par delà les indispensables réflexions sur l'institution elle-même et son organisation,d'essayer de voir la crise de manière plus spirituelle. Ce texte du jésuite, philosophe, théologien et historien Michel de Certeau m'aide à cela.
« La foi chrétienne est expérience de fragilité, moyen de devenir l’hôte d’un autre qui inquiète et qui fait vivre. Cette expérience n’est pas nouvelle. Depuis des siècles, des mystiques la vivent et la disent. Aujourd’hui voici qu’elle se fait collective, comme si le corps tout entier des Églises, et non plus quelques individus individuellement blessés par l’expérience mystique, devrait vivre ce que le Christianisme a toujours annoncé : Jésus-Christ est mort. Cette mort n’est plus seulement l’objet du message concernant Jésus, mais l’expérience des messagers.
Les Églises, et non plus seulement le Jésus dont elles parlent, semblent appelées à cette mort par la loi de l’histoire. Il s’agit d’accepter d’être faible, d’abandonner les masques dérisoires et hypocrites d’une puissance ecclésiale qui n’est plus, de renoncer à la satisfaction et à « la tentation de faire du bien ». Le problème n’est pas de savoir s’il sera possible de restaurer l’entreprise « Église », selon les règles de restauration et d’assainissement de toutes les entreprises. La seule question qui vaille et celle-ci : se trouvera-t-il des chrétiens pour vouloir rechercher ces ouvertures priantes, errantes, admiratrices ? S’il est des hommes qui veuillent encore entrer dans cette expérience de foi, qui y reconnaissent leur nécessaire, il leur reviendra d’accorder leur Église à leur foi, d’y chercher non pas des modèles sociaux, politiques ou éthiques, mais des expériences croyantes – et leurs communications réciproques, faute de quoi il n’y aurait plus de communautés et donc plus d’itinérances chrétiennes
Michel de CERTEAU (1925-1986), La faiblesse de croire, éd. du Seuil, 1987, p. 313-314.
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