l'odeur du fumier du diable
Devant la situation sociale complexe qui est celle de la France ces temps-ci, j'avoue être assez perplexe. J'entends de part et d'autres des arguments sensés, mais aussi d'authentiques cris de détresse, et de colère. Comment en est-on arrivé là ? J'ai relu plusieurs textes, notamment ceux du Cardinal Marty en Mai 68, mais c'est finalement ce discours de François que je vous propose. Il pointe du doigt le vrai "coupable"...
Discours du pape François à la 2ème rencontre mondiale des mouvements populaires
Santa Cruz de la Sierra (Bolivie), jeudi 9 juillet 2015
Je propose que nous nous posions ces questions :
- reconnaissons-nous que les choses ne marchent pas bien dans un monde où il y a tant de paysans sans terre, tant de familles sans toit, tant de travailleurs sans droits, tant de personnes blessées dans leur dignité ?
- reconnaissons-nous que les choses ne vont pas bien quand éclatent tant de guerres absurdes et que la violence fratricide s’empare même de nos quartiers ?
- reconnaissons-nous que les choses ne vont pas bien quand le sol, l’eau, l’air et tous les êtres de la création sont sous une permanente menace ?
Donc, disons-le sans peur : nous avons besoin d’un changement et nous le voulons. Vous m’avez rapporté – par vos lettres et au cours de nos rencontres –les multiples exclusions et les injustices dont vous souffrez dans chaque activité de travail, dans chaque quartier, dans chaque territoire. Elles sont nombreuses et si diverses comme nombreuses et diverses sont les manières de les affronter. Il y a, toutefois, un fil invisible qui unit chacune de ces exclusions : pouvons-nous le reconnaître ? Car, il ne s’agit pas de questions isolées. Je me demande si nous sommes capables de reconnaître que ces réalités destructrices répondent à un système qui est devenu global. Reconnaissons-nous que ce système a imposé la logique du gain à n’importe quel prix sans penser à l’exclusion sociale ou à la destruction de la nature ?
S’il en est ainsi, j’insiste, disons-le sans peur : nous voulons un changement, un changement réel, un changement de structures. On ne peut plus supporter ce système, les paysans ne le supportent pas, les travailleurs ne le supportent pas, les communautés ne le supportent pas, les peuples ne le supportent pas... Et la Terre non plus ne le supporte pas, la sœur mère Terre comme disait saint François.
(…)
Le temps, frères et sœurs, il semble que le temps soit sur le point de s’épuiser ; nous quereller entre nous ne nous a pas suffi, et nous nous nous acharnons contre notre maison. Aujourd’hui, la communauté scientifique accepte ce que depuis longtemps de simples gens dénonçaient déjà : on est en train de causer des dommages peut-être irréversibles à l’écosystème. On est en train de châtier la terre, les peuples et les personnes de façon presque sauvage.
Et derrière tant de douleur, tant de mort et de destruction, se sent l’odeur de ce que Basile de Césarée appelait “le fumier du diable”; l’ambition sans retenue de l’argent qui commande. Le service du bien commun est relégué à l’arrière-plan. Quand le capital est érigé en idole et commande toutes les options des êtres humains, quand l’avidité pour l’argent oriente tout le système socio-économique, cela ruine la société, condamne l’homme, le transforme en esclave, détruit la fraternité entre les hommes, oppose les peuples les uns aux autres, et comme nous le voyons, met même en danger notre maison commune.
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