Aide-toi, le Ciel t'aidera

Le jésuite Edouard O’Neill a publié des petits textes dans la revue Vie Chrétienne, rassemblés aujourd'hui dans une publication. Ils sont en général savoureux et profonds. Le premier que je vous propose met en exergue un premier paradoxe ...

( La grâce d’agir – éditions Vie Chrétienne )

Actifs et passifs

« Aide-toi, le Ciel t'aidera ››. Pour Ignace, un siècle avant La Fontaine, une telle sagesse est aussi spirituelle. Elle marque toute une manière de croire et de vivre. Au soir de sa Vie, il témoignait que, depuis trente ans, « le Seigneur lui avait fait comprendre que, dans les choses de son service, il devait utiliser tous les moyens légitimes possibles, et ensuite mettre sa confiance en Dieu et non pas dans les moyens ». (P. Ribadeneyra). Donc, par un côté, être très industrieux, et par un autre côté, faire totalement confiance de façon désintéressée. Telle est la juste manière de procéder en toutes situations. Car ainsi, l`action de l`homme s`accorde à l’œuvre de Dieu.

Qu'il s’agisse de réussir son couple, d'éduquer ses enfants ou ceux des autres, d’améliorer le climat d’un groupe de travail ou d’une association, de faire marcher la paroisse ou la communauté, il y a des moyens concrets à prendre, des initiatives à risquer, du travail à fournir courageusement et patiemment; en même temps laisser Dieu faire le reste à sa manière. Etre actif et passif, pas l'un sans l’autre. Il faut les deux successivement et même simultanément: « contemplatif dans l’action ›› disait Nadal.

C’est la grâce de Dieu qui fait vraiment aboutir les affaires importantes ; encore faut-il se disposer activement à recevoir cette grâce qu’on ne peut se donner à soi-même. Voilà pourquoi on fait des « exercices » . Il faut que l'homme agisse pour que Dieu agisse. On nous a souvent dit qu'il faut laisser agir Dieu. Sans doute, mais Dieu agit à l'intérieur de l’homme qui agit ; il féconde ses actions. Laisser Dieu agir, c'est lui confier la fécondité de ce que nous prenons la peine de faire. Une collaboration de l'intérieur!

Conjuguer activité et passivité dans la prière comme dans l’action, voilà l'union à Dieu en toutes choses ! Celle-ci est source de paix et peut conduire très loin : aux plus grandes conversions et transformations intérieures libérant les plus grands projets, comme à ces cinq mille hommes (sans compter les femmes et les enfants !) qui « mangèrent et furent rassasiés » parce que quelqu'un d'avisé avait pris la peine d'apporter et de sortir de son sac cinq pains et deux poissons.

Revue n° 369 - Novembre 1992