Accueillir l'autre, le différent... Le nouveau pacte des catacombes (suite)
On apprenait aujourd'hui que des "catholiques traditionnalistes" avaient jeté dans le Tibre des statues de la fertilité amazoniennes présentées dans le cadre d'une exposition dans une église de Rome...
Ce synode sur l'amazonie réactive bien des tensions, car il remet sur le devant de la scène l'esprit du concile, notamment la nécessité d'être à l'écoute du monde, de ses attentes, de ses souffrances. Ecouter suppose de sortir de sa tour d'ivoire de certitudes, c'est fragilisant...
Ce beau nous pousse en cette direction. Le CCFD TerreSolidaire vient d'ailleurs de le signer...
- Dénoncer toutes les formes de violence et d’agression à l’encontre de l’autonomie et des droits des peuples autochtones, quant à leur identité, leurs territoires et leurs formes de vie.
- Annoncer la nouveauté libératrice de l’évangile de Jésus-Christ, dans l’accueil de l’autre et du différent, comme il en fut pour Pierre dans la maison de Corneille : “Vous le savez bien, il est interdit à un juif de frayer avec un étranger ou d’entrer chez lui ; mais Dieu vient de me montrer qu’il ne faut appeler aucun homme profane ou impur" (Ac 10, 28).
- Cheminer de façon œcuménique avec d’autres communautés chrétiennes dans l’annonce inculturée et libératrice de l’Évangile, et avec d’autres religions et personnes de bonne volonté, dans la solidarité avec les peuples autochtones, les pauvres et les petits, afin de défendre leurs droits et préserver la Maison commune.
- Instaurer dans nos Églises particulières un style de vie synodal, où les représentants des peuples autochtones, les missionnaires et les laïcs, hommes et femmes, en raison de leur baptême et en communion avec leurs pasteurs, aient voix et vote dans les assemblées diocésaines, les conseils pastoraux et paroissiaux, bref, dans tout ce qui relève de leur compétence dans le gouvernement des communautés.
- Nous employer à la reconnaissance urgente des ministères ecclésiaux qui existent déjà dans les communautés et qui sont exercés par des agents de la pastorale, catéchistes indigènes, ministres de la Parole, hommes et femmes, en mettant particulièrement en valeur leur service au regard des plus vulnérables et des exclus.
- Rendre effectif dans les communautés qui nous sont confiées le passage d’une pastorale de visite à une pastorale de présence, en s’assurant que le droit à la Table de la Parole et à la Table de l’Eucharistie soit effectif dans toutes les communautés.
- Reconnaître les services et la réelle diaconie exercée par un nombre élevé de femmes qui dirigent aujourd’hui des communautés en Amazonie, et faire en sorte de les consolider grâce à un ministère conforme à leur fonction de femmes dirigeantes de communautés.
- Chercher de nouveaux chemins d’action pastorale dans les villes où nous oeuvrons, en faisant une place particulière aux laïcs et aux jeunes, en prêtant attention aux périphéries et aux migrants, aux ouvriers et aux chômeurs, aux étudiants, éducateurs et chercheurs, ainsi qu’au monde de la culture et de la communication.
- Assumer, devant l’avalanche d’offres de la société de consommation un style de vie joyeusement sobre, simple et solidaire de ceux qui n’ont que peu ou rien ; chercher à réduire la production de déchets et l’utilisation des plastiques, favoriser la production et la commercialisation de produits agroécologiques, utiliser autant que possible les transports publics.
- Nous placer aux côtés de ceux qui sont persécutés à cause de leur service prophétique de dénonciation et réparation des injustices, de défense de la terre et des droits des petits, d’accueil et assistance aux migrants et aux réfugiés. Cultiver des amitiés véritables avec les pauvres, visiter les personnes les plus simples et les malades, en exerçant le ministère de l’écoute, de la consolation et du soutien qui donne du courage et renouvelle l’espérance.
Conscients de nos fragilités, de notre pauvreté et petitesse devant de si grands et graves défis, nous nous confions à la prière de l’Église. Et surtout, puissent nos Communautés ecclésiales venir à notre secours par leur intercession, leur affection dans le Seigneur et, chaque fois que nécessaire, par la charité de la correction fraternelle.
C’est d’un cœur ouvert que nous accueillons l’invitation du cardinal Hummes à nous laisser guider par l’Esprit Saint en ces jours du Synode et au retour dans nos Églises :
“Laissez-vous envelopper dans le manteau de la Mère de Dieu et Reine de l’Amazonie. Ne nous laissons pas vaincre par l’autoréférentialité, mais bien par la miséricorde devant la clameur des pauvres et le cri de la terre. Beaucoup de prière, de méditation et de discernement seront nécessaires, en plus d’une pratique concrète de la communion ecclésiale et de l’esprit synodal. Ce Synode est comme une table que Dieu a préparée pour ses pauvres et il nous demande, à nous, d’être ceux qui servent à table".
Célébrons cette Eucharistie du Pacte comme "un acte d’amour cosmique". "Oui, cosmique ! Car, même lorsqu’elle a lieu sur le petit autel d’une église de village, l’Eucharistie est toujours célébrée, en quelque sorte, sur l’autel du monde". L’Eucharistie unit le ciel et la terre, embrasse et pénètre toute la création. Le monde sorti des mains de Dieu retourne à Lui en pleine et heureuse adoration : dans le Pain eucharistique, "la création tend à la divinisation, aux noces saintes, pour s’unir à son Créateur".
"C’est la raison pour laquelle l’Eucharistie est aussi source de lumière et motivation pour nos préoccupations à l’égard de l’environnement, et qu’elle nous conduit à être les gardiens de la création tout entière".
Catacombes de Sainte Domitille Rome, 20 octobre 2019
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