Marie Madeleine
Marie de Magdala reçoit en ce moment les honneurs d'un film. Ce personnage des évangiles occupe une place à part, et semble retrouver aujourd'hui une certaine actualité.
D'ailleurs, par décision du pape François, depuis Juin 2016, sainte Marie-Madeleine, est désormais fêtée comme un des apotres par l'Eglise entière le 22 juillet. Une manière de mettre à l'honneur "l'apôtre des apôtres" et les femmes disciples de Jésus.
Dans son livre, Marcher vers l’innocence (Cerf 2015), Anne Lécu, dominicaine et mèdecin en prison, propose une belle méditation sur cette femme étonnante.
Elle se retourna, et elle voit jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c'était jésus. Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? »
Le prenant pour le jardinier, elle lui dit : « Seigneur, si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi ou tu l’as mis et je l’enlèverai. »
Jésus lui dit : « Marie ! »
Se retournant, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ›› - ce qui veut dire «Maître »
(Jn 20, 14-16).
Seul Luc précise qu'avec les Douze, il y avait un groupe de femmes qui avaient été guéries d'esprits mauvais et de maladies, dont Marie, appelée la Magdaléenne, de laquelle étaient sortis sept démons (Lc 8, 2).
Marie de Magdala. On l'a identifiée à Marie de Béthanie, qui après avoir donné au Christ l’onction d'un parfum de grand prix, essuie ses pieds de ses cheveux.
Jean, lui, ne dit rien.
Jamais il ne la nomme pécheresse.
Mais il encadre le mystère pascal de sa présence. Elle n'est citée que deux fois : au pied de la croix et au matin de la résurrection.
Marie creuse une place où tous les pécheurs, les petits comme les grands, les meurtriers, les méchants, les menteurs, les médiocres, les voleurs, les bandits, les pauvres, les prostituées, les toxicomanes, les dealers, les mendiants, nous tous sans exception pouvons nous tenir si nous regardons vers le crucifié.
Et cette place creusée par Marie de Magdala au pied de la croix est toute prête dans le jardin de la résurrection, afin qu’à ceux-là, perdus et retrouvés, soit annoncée en premier la résurrection du Seigneur.
Marie de Magdala est l'écrin du kérygme. Elle est le vase de grand prix qui porte la première confession de foi. Elle est la première apôtre, patronne des prêcheurs, parce qu’ils sont pécheurs et qu'ils ne pourraient rien annoncer sans l'expérience physique, charnelle, du salut.
Marie crie au monde que la chair vivifiée par l’Esprit est aimée de Dieu, qu'il n'y a pas de résurrection de l'ame seule, mais que c'est bien le corps de son Seigneur, méconnaissable, et sa voix, unique entre toutes, qu'elle a reconnus. Marie de Magdala, première apôtre, entraîne à sa suite tout un peuple de pêcheurs, de boiteux, dans cette aventure où chacun de nous peut risquer un pas. Elle a beaucoup aimé, il lui a été beaucoup pardonné.
Qui peut dire qu'il n'a pas beaucoup aimé? Celui qui est noué dans sa solitude n'a-t-il pas au fond de lui beaucoup aimé, sans retour peut-être ? Celui qui est méchant n'a-t-il pas été déçu, refroidi, dans ses élans ? Bien avant tous nos manques d'amour, il y a nos élans, notre tendresse, notre désir d'absolu. Et puis nous n'y arrivons pas, ou pas comme on aurait voulu. Mais qui peut dire que pour autant l'on cesse d'aimer ?
En assimilant à Marie Magdeleine plusieurs femmes de l’évangile, la tradition a dessiné un contour, une femme à plusieurs visages qui ressemble à chacun des nôtres, une femme qui pleure, qui aime, qui écoute, une femme délivrée de ses démons, re-posée sur sa terre, délivrée du désastre, re-tournée vers son Seigneur, son astre, une femme sensuelle, qui parfume, qui embaume la chair, et indique le lieu où l'on doit désormais adorer.
Toi qui te crois indigne, toi qui te crois perdu, toi qui te sais pécheur, sois sûr que le Seigneur de toute grâce vient pour toi. Ta place est prête avec Marie de Magdala. Ta place est prête au pied de la croix, à côté de la mère du Seigneur, dont l’innocence préservée annonce celle qui t'est rendue. Ta place est prête au jardin et tes yeux, promis, verront le jour où tous nous danserons dans la cité neuve, immaculés devant Lui, dans l’amour. (Eph 1, 4).
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