Mais il faut ce bout de temps
André Sève - 30 minutes pour Dieu (p10)
Pour être un «élan vers Dieu », pour entrer dans l’esprit d’oraison et s'y maintenir, il faut un très spécial rendez-vous quotidien avec Dieu. Tous les gens d'expérience sont d'accord sur ce point. Seulement je crois qu’on ne montre pas assez quelle indispensable homogénéité doit exister entre le temps d'oraison et la vie quotidienne, et j’y insiste parce que c'est cela qui m’avait fait abandonner la méditation. Elle était devenue vraiment trop hétérogène à une vie organisée dans un autre esprit. L'oraison vraie (et durable !) ne peut être que le temps fort d’une continuelle faim de Dieu.
Il y a interaction entre ces deux choses : la faim de Dieu pousse à faire oraison, l’oraison intensifie la faim de Dieu qui conduit à des oraisons de plus en plus rassasiantes et creusantes.
Saint Augustin disait à peu près : « Tu cherches pour trouver; ce que tu trouves te pousse à chercher. » Voilà l’oraison quand elle est le temps employé par un homme qui, avant et après, est en élan vers Dieu. Elle ne peut être que cela. Sinon, nous lâchons la vie réelle pour 30 minutes d’irréalité et nous revenons ensuite à ce que nous croyons être la vie réelle.
Le grand pas à faire avant de se décider à faire oraison, c’est d’accepter comme vraie réalité, comme vérité soleil, le « tu nous as fait pour Toi ». Ce sera dur à vivre. Concrètement, cela signifie que je voudrais faire de toute prière (personnelle ou liturgique) des retrouvailles avec Dieu, que je voudrais aller à toute tâche sans lâcher Dieu, que je voudrais me donner à mes frères avec l’amour même de Dieu. Ce sont ces désirs qu’on peut appeler état d'oraison, climat de l’oraison. Et, dans ce climat, vous pourrez en faire l’expérience, pas de difficultés pour trouver 30 minutes par jour.
Loin d’être un bain d’irréalité, elles apparaissent alors comme le plus réel de notre vie. Voilà la base de départ la plus sûre pour s’engager dans l'oraison quotidienne.
Je parle d’expérience. C’est le jour où j’ai compris l'extrême réalisme du temps consacré à l’oraison que j'ai eu envie de la reprendre, et je me demande ce qui pourrait maintenant me déraciner de là. Les rares fois où j’ai retrouvé la démangeaison de faire dix autres choses très urgentes, plutôt que de perdre ces 30 minutes, j’ai passé ma journée dans la confusion et l’irréalité. Ce « bout de temps-là » refait de nous un homme normal. Normal selon la foi, bien sûr. Mais après quelle autre normalité voudrions-nous courir ?
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 19 autres membres