Bartimée

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Le vendredi radieux

Jacques cazeaux, bibliste, a cloturé le cycle des conférences de carême de Notre Dame de paris le 25 Mars.

Une conférence étonnante, dérangeante. Sa méditation sur les malentendus culturels l'amène à relire le Vendredi Saint.

 

 

Le Vendredi radieux

 

Selon les évangiles, Jésus traverse les procès comme bientôt il négligera les portes du Cénacle. Les évangiles ne s’arrêtent pas aux souffrances de Jésus, sinon pour les enlever dans l’éternité en référence aux Psaumes, aux Écritures . Si, au Jardin des Oliviers, anticipant sur le Calvaire, il a sué de sang par terre, c’est dire que sous l’angoisse il donne sa vie et qu’on ne la lui prend pas, comme elle a été prise à Abel, tué par Caïn et dont le sang crie par terre ; si Jésus dit J’ai soif, c’est pour inviter les témoins à entendre le Psaume 21, une paraphrase de la page triomphante d’Isaïe [Is 53] ; s’il dit Mon Dieu, pourquoi m’as-Tu abandonné, c’est pour faire entendre le Psaume 68, de même gloire .

 

Et si à cet endroit Jean dit que Jésus sait que s’accomplissent les Écritures, cela ne signifie pas qu’une sorte de programme tragique se réalise point par point, mais que Jésus sait d’un vision entière de Vérité, et qu’il est dans le soleil des Écritures ; et s’il est dans le Soleil de la Parole, il est dans la gloire du Père, et s’il est dans la gloire du Père, il a la Vie, il est ressuscité au sens le plus substantiel.

 

Un vieux malentendu a donné une interprétation doloriste de la Passion, qui est soutenue par tant de tableaux et d’œuvres d’art déchirantes, mais qui travestit les évangiles, jusque dans la liturgie. Ainsi, l’on marque une pause dans la lecture de la Passion quand Jésus expire. Défiant ses paroles mêmes, Ne pleurez pas sur moi, mais sur vous pleurez et sur vos enfants , l’attention se fixe uniquement sur lui et souffrant, mourant, au lieu déjà de remonter au Père où il va à même sa mort. Certes, Jérusalem instruit le procès de Jésus, que tout déclare innocent, mais c’est en réalité le procès d’Israël qui se déroule : en montrant ces Judéens bafouer la justice, se réclamer du roi César, on les avertit qu’ils se renient, s’anéantissent sciemment selon la rude prophétie de toute leur Bible, sa lente réflexion sur le désir de l’homicide enfoui en chacun, chez les privilégiés, cet Israël que Dieu a choisi.

 

Le Centurion, ou le HaleluYa du Vendredi saint

 

Jésus meurt ainsi en effet, par les Judéens. Or, soudain le Centurion romain parle : En vérité, Fils de Dieu il était, celui-ci. Le mot du Centurion est l’éclair qui soudain et d’un coup transfigure la nuit d’Israël et par lui du monde. Lui, le Romain, l’homme des Nations, qui parle latin, il crie cinq mots grecs qui n’ont de sens que dans l’idiome hébreu des Écritures d’Israël.

 

HaleluYa ! Voici le Jour de Dieu, l’Heure, l’Instant attendu depuis au moins l’histoire de Noé ou celle de Babel. Les Nations disent soudain en grec l’hébreu de Dieu : la phrase est sobre, un détail dans cette page tumultueuse (le récit de la Pentecôte l’agrandira). Et l’Adam divisé est ici ressoudé. Dans la mort, avant la Résurrection.

 

EL Greco



30/03/2018
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