Bartimée

Bartimée

le bonheur est notre vocation

Un ami m'a offert ce livre du dominicain Adrien candiard, j'ai trouvé ces premières pages tellement suggestives que je vous les partage.

 

 

 Adrien Candiard                Quand tu étais sous le figuier.          (P 12-14)

 

   Pourtant, ce bonheur dont Jésus parle sans cesse conserve quelque chose de mystérieux et même d’insaisissable, comme un parfum. Il y a bien un parfum des Béatitudes, avec ce pouvoir évocateur parfois si puissant que peut avoir un parfum, qui peut recréer d'un seul coup toute une ambiance, toute une époque. A  vrai dire, ce parfum court même tout au long de l’Evangile: c'est le parfum du Royaume de Dieu. Peut-être sentez-vous de quoi je parle: ce sentiment, au-delà de telle ou telle parole de Jésus, qu'il y a toujours en jeu quelque chose d'à la fois très grand et très simple, un changement de vie radical, fondé sur l'amour, qui semble presque à portée de main. Les paraboles tournent autour sans cesse, sans jamais nous le livrer totalement. Le Royaume de Dieu, qui va donner à notre vie sa pleine épaisseur, la profondeur que nous lui pressentons sans la trouver au jour le jour, est à la fois insaisissable et furieusement appétissant.

Au fond, ce parfum des Béatitudes, ce parfum du Royaume, c'est un peu ce que nous ressentons quand nous passons devant une boulangerie. L'odeur du pain frais et des viennoiseries chatouille la narine et donne faim. C'est très agréable, mais aussi très frustrant, du moins tant qu'on ne rentre pas dans la boulangerie. Le tout est de se laisser guider par le parfum et d’y rentrer: c’est encore meilleur quand on mange.

 

   Je sais pourtant bien que le monde est plein de chrétiens inquiets. J’entends le malaise de tous ceux qui se disent: je sens bien l'odeur, j'ai déjà pressenti (dans la force d'une parole, dans le sourire de quelqu'un, dans le caractère grandiose d’un paysage) qu'il y avait là quelque chose de grand, mais je ne sais pas comment faire pour faire entrer ce pressentiment, parfois très fort, dans ma vie réelle. Je me sens au dehors de la boulangerie: j'ai bien l’odeur, mais je ne mords pas dans la brioche ! Suis-je donc un bon chrétien ? D'autres ont l'air d'y arriver. Tout leur semble facile. Ils parlent de leur intimité avec Dieu comme s'ils avaient bu un verre ensemble une heure plus tôt, et à les entendre, c’est formidable. Suis-je vraiment chrétien si je n’ai que le parfum des Béatitudes, l'envie de vivre ce renversement de vie-là, alors qu'au quotidien, cela ne plane plus du tout à ces hauteurs sublimes, mais ça se traîne comme ça peut?

 

   Il n’y a pourtant rien à craindre. Cette fringale même, c'est la grâce qui travaille. C'est le signe que le Royaume de Dieu creuse sa place. Le péché, le vrai péché, serait d'abandonner la partie en route, ou encore d'aller chercher ailleurs la satisfaction de ce besoin d’éternité, d'aller la chercher dans ce qui ne peut la donner. La vie chrétienne, c'est d’avoir le courage de ne pas renoncer à la joie; le courage de rechercher le bonheur, et pas un ersatz, un substitut de bonheur, une tranquillité confortable, une absence de souffrance ou que sais-je encore. Parce que le bonheur est ce que Dieu veut pour nous; parce que le bonheur est notre vocation.

 

 

 

 

Vitrail de la cathédrale de Chartres : Nathanaël sous le figuier



10/08/2017
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