« Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »
Le pasteur Daniel Bourguet, dans une retraite pour la communauté des veilleurs, médite sur le « bon larron », ce malfaiteur crucifié à côté du Seigneur.
Ils emmenaient aussi avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter.
Lorsqu’ils furent arrivés au lieu-dit : Le Crâne (ou Calvaire), là ils crucifièrent Jésus, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche.
Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. »
(…)
L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! »
Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi !
Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »
Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » Lc 23
Sur la croix, le bon larron se tait. Il n’entre pas dans le jeu de la violence. C’est sans doute la première fois ! Et cela à cause de la prière de son voisin ! Sa vie est en train de basculer, entrainée par cet homme qui n’est à aucun moment entré dans le cycle de la violence. Le monde de la violence ignore une chose essentielle que le Christ vient de mettre en avant : le pardon. Si la vengeance et la haine sont le moteur qui alimente la violence, si elles sont au cœur de la logique de satan, le pardon et l’amour désamorcent la violence et sont au cœur de la logique de Dieu. Jésus se situe complètement en dehors du cycle de la violence et le larron le remarque bien : Jésus ne répond à personne, n’insulte personne, n’use d’aucune violence verbale, n’accuse personne… Son silence n’est pas celui d’un homme vaincu, désemparé, impuissant. Son silence, au contraire, est chargé d’une autre puissance : celle de la prière, du pardon, de l’amour… En silence, Jésus ne cesse d’aimer ; c’est un silence actif, fort d’une étonnante puissance, dont prend conscience le larron. Le silence du Christ est plus fort que toutes les vagues de violence qui déferlent sur lui…
L’amour et le pardon font sortir du cycle de la violence : ils font échapper à l’emprise de satan et sont le signe de la vraie liberté. Le pardon que Jésus demande à son père ne sera pas vaincu par la mort. Le pardon donné par Dieu subsistera au-delà de la mort. Ce Jésus qui pardonne est en train de mourir, certes, mais il meurt libre. Mourir en insultant les autres, c’est mourir en étant esclave de la violence des autres. Mourir en pardonnant, c’est mourir libre, en paix… Le larron est en train de voir quelqu’un mourir libre. Cet homme-là, Jésus, ouvre une porte. Avec lui apparaît une évidence : on peut mourir sans haine, sans maudire, sans blasphémer ; on peut mourir en aimant Dieu et les autres ; on peut mourir libre, proche de Dieu, en Dieu.
Le larron dans son silence est en train de rejoindre le Christ dans son silence ; il est prêt à suivre le Christ dans sa manière de mourir, dans sa mort, sur ce chemin de l’amour qui pardonne, ce chemin qu’il ouvre de manière souveraine. C’est cela une conversion : le larron se convertit.
Des ténèbres à la lumière – éditions Olivétan – 2004 – p 33
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