Bartimée

Bartimée

Attendre une occasion qui en vaille la peine

Notre vie est souvent tellement banale, répétitive… Nous rêvons d’autre chose, de gloire, de combats, de sensations fortes… Pourtant la spiritualité chrétienne nous appelle à vivre la banalité comme une voie de sainteté. « Comprenez que si c'est à la cuisine, le Seigneur circule parmi les marmites. » disait Sainte Thérèse d'Avila (XVIeme) à ses sœurs qui rêvaient d’extases mystiques dans la chapelle.

 

 

Madeleine Delbrêl, (1904-1964) fut  assistante sociale à Ivry, mairie communiste, mais aussi poète, et mystique. Elle eut un impact considérable sur l'Eglise d'avant Vatican II. Sa cause en béatification est introduite à Rome. Elle a beaucoup réfléchi sur la manière de trouver Dieu dans la vie ordinaire.

 

 

PASSION DES PATIENCES

 

La passion, notre passion, d'accord, nous l'attendons, nous savons qu'elle doit venir et il est convenu que nous entendons la vivre avec une certaine grandeur.

Le sacrifice de nous-même, nous attendons qu'en sonne l'heure. Comme une bûche dans le brasier, nous savons que nous devons être consumés. Comme un fil de laine tranché aux ciseaux, nous devons être séparés. Comme un être jeune qu'on égorge, nous devons être supprimés.

La passion, nous l'attendons. Nous l'attendons et elle ne vient pas.

 

Ce qui vient, ce sont les patiences.

Les patiences, ces petits morceaux de passion, dont le métier est de nous tuer tout doucement pour votre gloire, de nous tuer sans notre gloire.

 

Dès le matin elles viennent au-devant de nous :

Ce sont nos nerfs trop vibrants ou trop mous ;

c'est l'autobus qui passe plein,

le lait qui se sauve,

les ramoneurs qui viennent,

les enfants qui embrouillent tout ;

ce sont les invités que notre mari amène,

et cet ami qui, lui, ne vient pas ; c'est le téléphone qui se déchaîne,

ceux que nous aimons qui ne s'aiment plus ;

c'est l'envie de se taire et le devoir de parler ;

c'est l'envie de parler et la nécessité de se taire ;

c'est vouloir sortir quand on est enfermé

et rester à la maison quand il nous faut sortir ;

c'est le mari sur qui nous aimerions nous appuyer

et qui devient le plus fragile des enfants ;

c'est le dégoût de notre ration quotidienne,

et le désir nerveux de tout ce qui n'est pas à nous.

 

Ainsi viennent nos patiences en rangs serrés ou en file indienne et elles oublient toujours de nous dire qu'elles sont le martyre qui nous fut préparé.

 

Et nous les laissons passer avec mépris, attendant pour donner notre vie une occasion qui en vaille la peine.

Car nous avons oublié que s'il est des branches qui se détruisent par le feu, il est des planches que les pas usent, tout doucement et qui tombent en fine sciure.

Car nous avons oublié que s'il est des fils de laine tranchés net par les ciseaux, il est des fils de tricot qui s'amincissent au jour le jour sur le dos de ceux qui les portent. Si tout rachat est un martyre, tout martyre n'est pas sanglant. Il en est d'égrenés d'un bout à l'autre d'une vie.

 

C'est la passion des patiences.

 

La joie de croire

 



02/08/2017
2 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Religion & Croyances pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 19 autres membres